mercredi 24 avril 2024
mardi 23 avril 2024
Averse de vers
"Je veux une averse d'étoiles sur les villes sales,
des arbres qui dansent dans les pas fatigués des passants,
le tournesol d'une robe jaune sur la grisaille des tristesses,
le souffle pur d'une terre haute,
l'eau glacée d'un torrent éclatant de rire,
des étincelles de nuit faisant battre le cœur des mots pour nettoyer
celui des hommes, un petit matin clair, irrévérencieux, insolent, confiant,
où des fées en espadrilles font le ménage du jour."
Ile Eniger
peinture: Rubaldo Merello 1872-1922 / Ulivi a San Fruttuoso 1915
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lundi 22 avril 2024
Faire la paix avec la mort
FAIRE LA PAIX AVEC LA MORT…
dimanche 21 avril 2024
« La vie est un collier de perles »
Après avoir parlé, la personne victime d’abus peut ressentir un immense soulagement. Enfin, elle a été entendue. Enfin, les faits ont été reconnus. Enfin, la voilà libérée de ce poids si lourd qui pesait sur elle et qui la détruisait depuis de nombreuses années. Mais, en même temps, elle s’est entièrement construite avec et autour et à côté de ce trauma. Si on imagine l’abus comme un obus qui s’est fiché violemment en elle, on se rend compte de l’impact que cela a pu avoir en son psychisme, en son âme, en sa vie. Il suffit de penser aux trous de bombes que l’on observe encore dans nos campagnes. Parler a donc non seulement laissé en elle des éclats bien tranchants, mais a en plus créé un vide, un gouffre ingérable.
Un travail d’orfèvre
Commence alors, pour le patient et son thérapeute, un travail long et douloureux, un travail d’orfèvre. Comme l’expliquait le médecin général et professeur de psychiatrie Louis Crocq, mon maître, il faut que la personne parvienne à faire un « récit autobiographie » de son existence. Ce n’est que lorsque la parole va permettre au trauma d’être intégré à la vie, à l’être même de la personne, que peuvent poindre les bénéfices d’une liberté retrouvée.
Je dis souvent à mes patients que la vie est un collier de perles : « Nous allons les enfiler les unes après les autres. Certaines seront magnifiques, d’autres toutes noires. Celles-ci ne redeviendront jamais blanches, mais elles font partie du collier. Il faut l’accepter. Cela ne veut pas dire accepter l’innommable, mais accepter de vivre malgré et avec l’innommable qu’il y a eu en votre vie. » La personne victime ne parviendra peut-être jamais à donner un sens à son vécu, mais, en prenant son temps, en creusant au plus profond d’elle-même, en acceptant de cheminer sur des sentiers jusqu’alors inconnus, en se détachant du regard des autres, elle rencontrera une source qui l’autorisera tout simplement à vivre.
Isabelle Chartier Siben
source : La Vie
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samedi 20 avril 2024
Embarquement
Il y a des jours où les expressions les plus populaires et les découvertes scientifiques les plus récentes semblent se faire écho.
« Mondialisation oblige, nous sommes tous dans la même galère » et il semblerait que dans la soute de notre navire planétaire, il y ait quelques bombes atomiques ou à retardement.
« Nous sommes embarqués » disait Pascal, mieux « nous sommes intriqués » dirait la physique quantique. Ce n’est pas une question de vouloir, même pas de pulsions, mais d’ondes et de particules.
Savoir cela devrait rendre dérisoires nos avis contraires, nos luttes assidues pour prendre ou garder le pouvoir, pour être le premier ou le dernier à avoir raison. Nos déterminismes se moquent bien de ces « je », de ces « jeux » puérils.
Nous sommes dans la même galère, embarqués, intriqués… et alors ?
Savoir cela suffirait-il pour que nous descendions ensemble dans la cale du navire planétaire, pour désamorcer ce qui est prêt et programmé pour l’explosion ?
Descendre ensemble dans la cale, c’est-à-dire dans notre intériorité, là où nous sommes un, interreliés, intriqués. Là où il n’y a plus d’Iraniens, d’Israéliens, de Palestiniens, de Russes, d’Ukrainiens, de Français, d’Américains… mais seulement l’humanité une, silencieuse et blessée… Là où il n’y a plus de veaux, de vaches et de cochons mais des animaux malades de la peste, avides de guérison plutôt que d’extinction….
Est-ce possible ?
Vœu désuet, vaste utopie ou expérience simple et triviale :
Le chat et la souris, dans leur faim de survivre, ne savourent-ils pas le même fromage ?
Mais où est la faim, où est le fromage ?
Ne demandez pas à la vie : « Où es-tu ? ».
Elle est là, je suis là, tu es là, nous sommes là…
Allons-y !
Jean-Yves Leloup, Avril 2024
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vendredi 19 avril 2024
Performance ou robustesse
Je vous conseille l'écoute de l'interview d'un français sur une chaîne belge et qui parle de pause café !
Olivier Hamant propose plutôt de passer de l’abondance matérielle à l’abondance relationnelle.
Si vous n'arrivez pas à écouter l'audio, vous pouvez la trouver ici.
jeudi 18 avril 2024
lignes flottantes
mercredi 17 avril 2024
Ecole de la souplesse
L’école du saule (par Cécile Bolly)
Il était une fois, il y a très longtemps, dans un pays très loin d'ici, un homme qui marchait. Il marchait parfois vite, parfois lentement, sous le soleil ou dans le vent. Il quittait la Chine, où il venait d'apprendre les arts martiaux, et rentrait chez lui. En chemin, il pensait à la technique qu'on lui avait enseignée. Il sentait qu’il y avait sans doute quelque chose à associer à cette technique ; quelque chose de plus intérieur, une réflexion philosophique, peut-être, ou un fondement spirituel. Quelle est, se demandait-il, la force qu’il faut opposer à la force pour la combattre ? Se retirant longuement dans un temple zen afin d'y méditer, il se promène un jour dans le grand jardin alors qu'il y neige abondamment. Son attention est subitement attirée par le bruit d’une branche de cerisier qui casse sous la neige malgré sa robustesse. Un peu plus loin, alors qu'il s'approche d’un saule, il voit la neige glisser silencieusement à terre et la branche pourtant fragile du saule se relever, indemne. À ce moment-là, son esprit s'éclaire, son âme s’éveille. Il comprend que ce n’est pas la force qu'il faut opposer à la force, mais bien la souplesse ; que ce n’est pas la lance qu’il faut opposer à la lance, mais bien la main vide et le cœur pacifié. Depuis lors, on attribue à ce médecin japonais, Shirobei Akiyama, la création de l'école du saule, Yoshin-ryu, qui a donné naissance au judo et au ju-jitsu. Cette école du saule, ou plus précisément cette école de l’esprit du saule, est ma préférée ! Que ce soit dans mon travail de médecin, dans celui de vannière ou à d’autres moments encore, je me sens avant tout dans la recherche du geste juste.
Le saule est un des arbres qui permet de faire de la vannerie. Les branches de saule une fois coupées deviennent des brins d’osier, que des mains tissent pour réaliser un panier. La beauté de celui-ci dépend de la qualité de chaque geste effectué, qui n’est pas seulement un geste technique, mais une trace de l’interdépendance entre différentes formes du vivant. Au moment de l’imaginer ou même de le créer, nul ne sait ce que ce panier pourra contenir. Dans mon travail de médecin et de psychothérapeute, la recherche du geste juste est tout aussi importante. Pour moi, elle se manifeste avant tout dans la qualité de l’écoute que je peux offrir à l’autre. Qu’est-ce qu’écouter, si ce n’est offrir un contenant, être contenant, afin que ce moment de rencontre puisse accompagner, relier, soutenir, contenir, protéger parfois.
Plus largement, quels que soient notre place, notre rôle, notre fonction, l’école de l’esprit du saule nous apprend donc la souplesse, la disponibilité, l’attention à tout être vivant. Elle nous rend ainsi capables de tisser des liens solides et porteurs de sens, des liens qui libèrent.
Extrait du livre "La puissance des liens" de Ilios Kotsou, Caroline Lesire, Christophe André, Abdennour Bidar, Fabienne Brugère, Rébecca Shankland, Matthieu Ricard
mardi 16 avril 2024
L'autre peut me nourrir...
Il est extrêmement rare de rencontrer quelqu’un, qu’on voie beaucoup de monde ou qu’on soit ce qu’on appelle un solitaire. La plupart des gens rendent très difficile de les rencontrer parce qu’ils ne sont pas vraiment dans leur parole ou parce qu’ils sont sans âme. Je fais toujours à l’autre le crédit de la nouveauté incroyable de son existence, mais ce crédit va s’user si l’autre a gâché cette merveille-là pour devenir comme tout le monde. Comment parler avec personne ? C’est impossible.
Parfois le désir de partager est si fort que je vais quand même tenter ma chance mais souvent en vain. Les opinions ne m’intéressent pas. Ce qui me touche, c’est quand l’autre met tout le poids de sa vie dans la balance des mots et que sa pensée s’appuie sur ça. Pour ma part, j’ai parfois l’impression d’être totalement incapable d’aimer, et en même temps d’aimer plus que personne. Je vois très peu de monde, mais je peux être indéfiniment avec l’autre quand il est là. Quand je suis né, on m’a proposé le menu du monde, et il n’y avait rien de comestible. Mais quand l’autre est vraiment avec moi, je peux manger : je bois une gorgée d’air, je mange une cuillerée de lumière.
~ Christian Bobin
La lumière du monde
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lundi 15 avril 2024
7 maintenant...
dimanche 14 avril 2024
Etre au bon endroit et au bon moment
En effet tout ce que nous percevons passe par l'esprit, par la conscience. Comment en effet pourrions nous percevoir quelque chose dont nous ne sommes pas conscients, ne fut-ce qu'en pensée ?
samedi 13 avril 2024
Pourquoi notre cerveau adore les mauvaises nouvelles
Faits divers sordides, catastrophes naturelles, conflits en tout genre… Notre cerveau raffole secrètement de ce genre d’informations ! En cause : le biais de négativité qui entretient notre goût inavouable pour les mauvaises nouvelles. (Par Anne Guion)
Pourquoi les médias ne parlent-ils que des trains en retard et jamais de ceux qui arrivent à l’heure ? La réponse à cette question est simple : parce que tout le monde préfère les mauvaises nouvelles aux bonnes ! Ou plus précisément, nous sommes tous – journalistes compris – victimes du biais de négativité, une tendance spontanée de notre cerveau à être attiré par les informations négatives. Cela s’explique par l’évolution.
Pour pouvoir éviter le danger et maximiser nos chances de survie, notre cerveau est particulièrement sensible à tout ce qui pourrait nous menacer. Et il va littéralement s’accrocher au négatif. Résultat : notre vision du monde est déformée. Nous pensons en général que celui-ci est beaucoup plus sombre et sans espoir qu’il ne l’est réellement.
Processus en cascade
Surtout, la multiplication des informations négatives dans les médias produit des effets nocifs sur notre santé mentale. Il faut reconnaître que notre cerveau n’a pas beaucoup évolué depuis l’époque des chasseurs-cueilleurs. Celui-ci va percevoir l’annonce d’une guerre ou d’un fait divers sordide, par exemple, comme une menace réelle même si ces événements ont lieu très loin de chez nous. Résultat : il va activer notre réponse au stress.
Dans la vie réelle, c’est un processus en cascade dont l’objectif est de nous soustraire à un danger, à une situation difficile que nous vivons. Imaginez : vous vous apprêtez à traverser une rue très fréquentée, et une voiture fonce droit sur vous ! Aussitôt, un flot de neuromodulateurs va déferler en vous : d’abord l’acétylcholine puis l’adrénaline. Cette dernière va contracter les vaisseaux sanguins de notre cœur, qui, à son tour, va se mettre à battre plus vite pour que le sang parvienne plus rapidement vers nos muscles. Et presque instantanément, sans même que vous en ayez conscience, vous sautez sur le trottoir ! Ouf.
Mais ce n’est pas tout. Un autre processus va s’enclencher. Nos glandes surrénales, juste au-dessus de nos reins, vont diffuser un autre neuromodulateur, le cortisol, qui va activer la formation de glucose nécessaire à notre production d’énergie. Il faut bien soutenir notre réaction sur la durée ! Il s’agit de mettre en condition notre corps pour lui permettre de combattre ou de fuir.
Rumination et anxiété
Mais contrairement à une situation réelle, nous ne pouvons être qu’impuissants face, par exemple, à un massacre qui a lieu à 5 000 km de chez nous. Notre réponse au stress tourne dans le vide. « Nous ne pouvons ni fuir ni affronter le danger, ni prendre de la distance, explique la psychologue clinicienne Sabine Duflo. Et lorsque ces mauvaises nouvelles sont répétées plusieurs fois dans une même journée, nous subissons en continu des minichocs traumatiques. Les tours jumelles à New York ne se sont effondrées qu’une fois, mais pour nous, c’est comme si cela s’était produit des milliers de fois. C’est le même phénomène pour la bande de Gaza. Chaque drame répété inlassablement a des conséquences sur notre santé mentale, cela nous épuise… »
Surtout, les informations négatives s’inscrivent plus profondément dans notre mémoire que les bonnes. Pour pouvoir réagir le plus efficacement possible si le danger se représente, le cerveau emmagasine le maximum de détails sur le contexte : le lieu, les sons, les odeurs. Objectif : déclencher le plus rapidement possible la réponse au stress lorsque la menace reviendra. C’est ce processus qui est à l’origine du syndrome de stress post-traumatique : une odeur, un bruit peut réactiver brutalement le traumatisme.
Sans aller jusqu’à ces extrêmes, tandis qu’une annonce positive sera vite oubliée, une information négative provoquera rumination et anxiété. Or, de nombreuses études ont ainsi montré que ruminer altérait la santé cardio-vasculaire, appauvrissait la qualité du sommeil, stimulait la production d’hormones du stress dont le cortisol. Un tableau qui peut même favoriser la survenue d’une dépression.
source : La Vie
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